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A paradigm shift is necessary for our future!

by | Nov 23, 2015 | Blogs

Les Objectifs du Développement durable: un changement de paradigme nécessitant des indicateurs appropriés, l’engagement des États et la vigilance citoyenne

Blog écrit par Mathieu Le Corre, responsable de programme Eau potable, Assainissement et Déchets au GRET, ONG membre de la Coalition Eau.

ENGLISH BELOW

Un changement de paradigme

Une grande différence des Objectifs du Développement Durable (ODD) avec les exercices de programmation globaux précédents dans le domaine de l’eau (en particulier les Objectifs du Millénaire pour le Développement – OMD), c’est le souci de la durabilité. Elle ressort du titre des objectifs, bien entendu, mais également des cibles de l’objectif n° 6 qui dépassent la simple question de l’accès aux services et concerne également la gestion intégrée des ressources en eau, la qualité de l’eau brute, les écosystèmes… Cet intérêt pour la durabilité devra conduire à changer de paradigme : on ne peut plus être dans l’approche projet à visée infrastructurelle uniquement, on doit passer par une réflexion par service, voire plus largement systémique (qui paye, qui gère, comment est-ce régulé, de quelles compétences a-t-on besoin, quel impact est-ce que cela a…). On sortira du comptage nécessaire mais un peu stérile des points d’eau…

Autre nouveauté, l’insistance sur les notions d’équité et d’universalité de l’accès. Cela devrait avoir des implications sur la manière de cibler l’aide internationale, de penser les tarifs des services existants et de mobiliser les ressources domestiques :

· Mieux cibler l’aide internationale : par exemple, l’aide de la France est dans ce domaine essentiellement engagée au travers de prêts à des pays à revenu intermédiaire alors qu’il conviendrait qu’elle soit ciblée en priorité sur les pays les moins avancés.

· Repenser les tarifs car trop souvent le maintien de tarifs bas pour les services existants (essentiellement en ville et dans les quartiers lotis) revient à subventionner l’accès à l’eau et à l’assainissement des classes moyennes urbaines déjà connectées, au détriment des ménages ruraux éloignés des réseaux. Or atteindre les cibles 6.1 et 6.2 signifie trouver des solutions d’accès pour eux, ils sont encore la majorité des ménages du continent africain.

· Finalement, les ressources domestiques sont aujourd’hui insuffisamment mobilisées. Les recettes fiscales mobilisées par les États du Sud sont faibles en proportion en comparaison avec celles des pays de l’OCDE, elles sont faiblement affectées au secteur de l’eau et de l’assainissement.

La nécessité de définir des indicateurs adaptés

L’atteinte des objectifs sera mesurée par des indicateurs définis globalement. Ce souci d’universalité porte le risque d’avoir des indicateurs mal adaptés aux pays les moins avancés. Les indicateurs sont très importants car ils vont déterminer le vocabulaire et la grammaire des années à venir. Pour l’eau potable, il s’agit du pourcentage de la population utilisant « safely managed drinking water services ». Derrière ce concept se cache l’accès à l’eau à domicile, enviable certes, mais peu envisageable dans l’immédiat en milieu rural. Pour éviter que l’indicateur nous fasse oublier des modalités d’accès améliorées de quartier ou de village, l’indicateur pourrait être désagrégé par niveau de service (point d’eau collectif, point d’eau domiciliaire). Il s’agit alors de considérer l’accès à l’eau comme une échelle sur laquelle on progresse passant d’un niveau de service à un autre de meilleure qualité. La désagrégation par niveau de service est également essentielle pour l’assainissement – c’est d’ailleurs dans ce secteur que le concept de « l’échelle » est né. Il s’agirait aussi de désagréger les indicateurs par site pour pouvoir mesurer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les ménages, mais aussi dans les écoles et centres de santé. Désagréger ainsi permet aussi de se donner les moyens de mesurer l’équité.

Enfin, de nombreuses organisations, dont la Coalition Eau, s’inquiètent de l’absence d’un indicateur sur l’hygiène dans la liste actuellement proposée par le Groupe d’Experts sur les indicateurs. Pourtant l’amélioration des pratiques d’hygiène serait un des moyens les plus efficaces de diminuer les maladies hydriques. Un indicateur simple sur le lavage des mains avec du savon doit être intégré pour mesurer la cible 6.2.

Des Etats responsables et redevables

Les États se sont engagés à niveau global ce mois de septembre, l’enjeu est maintenant que ces ODD trouvent leur traduction locale. Une traduction qui aurait intérêt à inclure la société civile dans sa mise en place, il s’agit de faire en sorte que ces objectifs soient appropriés par les citoyens. Car pour que les engagements soient tenus il faudra des citoyens vigilants, cornaquant leurs gouvernements. Il faudra pouvoir sensibiliser le public et renforcer la société civile et sa capacité à jouer un rôle de plaidoyer.

L’engagement des États porte sur l’ensemble des ODD, mais certains Etats semblent déjà vouloir choisir quelques objectifs à mettre en œuvre en priorité parmi la liste des 17. Or cet ensemble est interdépendant, il ne s’agit pas d’une liste de courses dans laquelle choisir ce que l’on veut. Pour progresser il ne faudra laisser aucune thématique orpheline – dont la nôtre !

Les objectifs du développement durable fixent un cap, leur formulation ainsi que celle des indicateurs qui les sous-tendent vont déterminer la manière dont le monde du développement fonctionnera dans les années à venir. On peut se réjouir de l’apparition dans le vocabulaire de la durabilité, de l’universalité, de l’équité. Cela obligera à des approches plus « programme » que « projet », à la définition de cadres juridiques, de mécanismes de gouvernance qui devront être propres à chaque pays et a son histoire, de politiques tarifaires et de subventionnement, à la mobilisation de financements locaux, au meilleur ciblage des financements internationaux. Mais, en fin de compte ce qui sera déterminant c’est la volonté politique, et la veille citoyenne qui permettra à cette volonté de se traduire en actes.

English

Sustainable Development Agenda: a paradigm shift requires appropriate indicators, the commitment of States and citizen vigilance

Blog written by Mathieu Le Corre, Programme Drinking Water, Sanitation and Waste GRET, an NGO member of the Coalition Eau.

A paradigm shift is needed

A big difference in the Sustainable Development Goals (SDGs) in comparison to previous global programming exercises (especially the Millennium Development Goals – MDGs), in the water sector, is it’s concern with sustainability. It appears from under objectives of course, but also targets of Goal 6 that go beyond the issue of access to services and also provides integrated management of water resources, the quality of the raw water , ecosystems … This interest in sustainability will lead to a paradigm shift: one can be in the approach to infrastructural project referred only, it must go through a reflection by department, or even wider systemic (who pays, which manages How is it regulated, what skills did you need, what impact does this have …). We count out the necessary but somewhat sterile water points …

Also new is the emphasis on equity and universal access concepts. This should have implications for how to target international aid, think the rates of existing services and mobilize domestic resources:

• Better targeting of international aid: for example, with France is engaged in this field mainly through loans to middle-income countries so that should it be targeted in priority to the least developed countries advances.

• Rethinking rates because too often maintaining low rates for existing services (mainly in town and in the neighborhoods off) returns to subsidize access to water and sanitation for the urban middle classes already connected, to the detriment remote rural household networks. Or reach targets 6.1 and 6.2 means find access solutions for them, they are still the majority of households in Africa.

• Finally, domestic resources are not sufficiently mobilized today. Tax revenues mobilized by the southern states are low in proportion compared to those of OECD countries, they are poorly allocated to the water sector and sanitation.

The need to define suitable indicators

The objectives will be measured by indicators set globally. This concern for universality carries the risk of unsuitable indicators for the least developed countries. Indicators are very important as they will determine the vocabulary and grammar for years to come. For drinking water, it is the percentage of the population using “Safely managed drinking water services.” Behind this concept lies the access to water at home, certainly enviable, but not immediately possible in rural areas. To prevent the indicator make us forget improved access arrangements neighborhood or village, the indicator could be disaggregated by service level (collective water point of home water point). It is then to consider access to water as a scale on which we progress from one service level to another better. The disaggregation level of service is also essential for sanitation – is also in this sector that the concept of “scale” was born. It would also act to disaggregate the indicators site to measure access to water and sanitation for households, but also in schools and health centers. Disaggregate and also helps to provide the means to measure equity.

Finally, many organizations, including the Water Coalition, worried about the absence of an indicator on hygiene in the list currently proposed by the Indicators Group of Experts. Yet improving hygiene practices would be one of the most effective ways to decrease water-borne diseases. A simple indicator of hand washing with soap must be integrated to measure the target 6.2.

Responsible and accountable states

States are committed to the global level this September, the challenge is now that these ODD find their local translation. A translation that would be useful to include civil society in its implementation, it is to ensure that these objectives are appropriate by citizens. For that commitments are met will require vigilant citizens cornaquant their governments. It will be necessary to raise public awareness and strengthening civil society and its ability to play an advocacy role.

The commitment of States covers all the ODD, but some states already seem to want to choose some goals to implement priority among the list of 17. But this set is interdependent, it is not a list races in which to choose what one wants. To progress it will leave no orphan theme – including ours!

The objectives of sustainable development set a course, their formulation as well as the indicators that underpin them will determine how the world of development work in the coming years. We can rejoice in the appearance in the vocabulary of sustainability, universality, equity. This will force to approaches more “program” that “project”, the definition of legal frameworks, governance mechanisms that will be specific to each country and its history, pricing policies and subsidy, mobilization of local funding at better targeting of international funding. But in the end what will be decisive is the political will and citizen watch that will allow this determination to be translated into action.